Comment les tests génétiques ont-ils conquis le grand public ?

Publié le 27 mai 2020 Lecture 25 min

Portés par des progrès technologiques fulgurants, les tests génétiques sont maintenant à la portée directe des consommateurs. Aux Etats-Unis, il est même possible de les trouver en supermarché et depuis quelques années, ces tests sont devenus le cadeau tendance à offrir à notre entourage. Ce marché en forte croissance pousse de nombreuses sociétés à se développer, notamment sur les marchés asiatiques. Et pourtant, l’accumulation de données liée au boom de cette activité et leur gestion sont déjà un enjeu majeur. Alcimed part à la découverte de ces tests qui nous promettent d’en apprendre plus sur nous-même.

Généalogie, santé, bien-être et goûts : notre ADN nous dit tout !

Développés dans un premier temps pour des usages médicaux, dont le diagnostic, les tests génétiques peuvent déterminer des prédispositions au développement de certaines maladies (cancers, maladies neurodégénératives). Mais l’offre la plus connue du grand public est l’exploration généalogique. Les géants américains comme 23andMe, FamilyTreeDNA ou Ancestry renseignent sur les origines ethniques et peuvent même révéler l’existence de parents inconnus grâce à la mise en relation avec toute une communauté de testeurs.

Du côté du bien-être, de nombreuses sociétés proposent des tests afin de déterminer ses besoins nutritionnels, comme Caligenix, ses intolérances alimentaires ou d’éventuelles prédispositions allergiques. Uniskin va jusqu’à recommander les produits de soin les plus adaptés aux besoins du testeur en sélectionnant les actifs les plus pertinents dans l’offre cosmétique actuelle.

Et même coller à l’« ADN musical » est désormais possible via un test AncestryDNA, en partenariat avec Spotify, en définissant des playlists personnalisées selon les origines ethniques.

L’expansion sur le marché chinois d’une technologie de test génétique de pointe, spécifique à la population

Avec 50 millions de testeurs potentiels d’ici 2022, le marché chinois est en pleine adoption de ces tests génétiques et ce, grâce aux prix abordables, mais aussi grâce à une politique gouvernementale favorisant l’approche génétique dans le domaine de la santé. Dans un futur proche, plus de 3 millions de tests génétiques pourront être réalisés chaque année en Chine, avec un taux de pénétration de 30-40% en 2025. Google Genomics se positionne et développe déjà des filiales dédiées au traitement de ces importants volumes de données générées par ces tests.

Au-delà du volume, c’est la spécificité des tests, pour les adapter à la population locale, qui gagne du terrain. Grâce au partage technologique des géants américains, les techniques « nouvelles générations » développées en Chine permettent de générer des données génétiques de haute qualité. 23mofang, l’entreprise « copy to China » de 23andMe, collabore avec Thermo Fischer afin d’optimiser la technologie Genechip en incluant les biomarqueurs SNPs, le plus récurrents au sein de la population chinoise pour une analyse plus ciblée.

De nouvelles plateformes de séquençage et de meilleures méthodes d’analyse assistées par intelligence artificielle sont développées avec l’ambition d’un déploiement à l’échelle mondiale. Ces innovations sont indispensables aux plateformes pour attirer de nouveaux clients mais aussi les fidéliser au travers d’abonnements pour des résultats mis à jour apportant de la valeur.

Les limites et les risques des tests génétiques: réglementations et gestion des données

Aujourd’hui, évaluer la robustesse scientifique de ces tests est difficile pour les consommateurs. Les interprétations reçues peuvent être difficiles à appréhender en dehors de tout accompagnement médical. D’un point de vue réglementation, la gestion des données génétiques est un point critique, surtout lorsque le marché est en pleine expansion comme en Asie. De plus, le séquençage de l’ADN a déjà été intégré aux programmes de santé publique de nombreux pays, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Algérie. Cependant en France, il n’est possible d’effectuer un test génétique que dans un cadre médical, pour des travaux de recherche ou encore lors d’une enquête policière. Un article de loi (226-28-1 du code pénal) prévoit d’ailleurs jusqu’à 3 750 € d’amende en cas de non-respect de cette réglementation. Toutes ces applications dérivant de ces tests génétiques grand public donnent lieu à de nombreuses interrogations éthiques et réglementaires. Alcimed continuera de suivre l’évolution de ce marché pour appréhender les nouvelles opportunités qui se dessinent pour les industries de la Santé, de la Cosmétique mais aussi de la gestion de données.

A propos de l’auteur

Tak-Wai, Consultant dans l’équipe Cosmétiques d’Alcimed en France

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