Politiques publiques

Comment rendre attractif les métiers de l’industrie du futur par des parcours d’orientation innovants ?

Publié le 09 juin 2022 Lecture 25 min

65% des écoliers pratiqueront des métiers qui ne sont pas encore inventés [1]. Les mutations liées à la transition énergétique et à la digitalisation doivent être anticipées par les entreprises et leurs besoins, traduits en compétences via les formations dans les industries du futur. Cette logique doit par ailleurs, inclure au maximum les agents de l’emploi (Missions locales, Pôle Emploi, psychologue d’orientation) pour diffuser les nouvelles attentes auprès des publics et sécuriser les parcours. En effet, 1 jeune sur 8 n’est aujourd’hui ni en emploi ni en formation en France [2]. L’orientation vers des filières en apparence peu attractives ou des métiers en tension aujourd’hui est donc un sujet majeur soulevé par les syndicats, branches professionnelles, les collectivités et notamment les régions qui ont depuis 2014 la compétence en matière d’orientation. Alcimed revient sur les clés pour innover dans les parcours d’orientation !

Innover pour mettre en lumière des filières qui participent aux industries du Futur

Les industries du Futur reposent sur l’utilisation de l’Internet des Objets, des systèmes cyber-physiques, de la 3D, de la réalité augmentée et de toute technologie utile pour réussir leur mutation technologique et sociale. Les métiers du bâtiment et travaux publics, des énergies nouvelles, du numérique et de la métallurgie sont par exemples sources d’opportunités de nouveaux métiers. L’enjeu de conduire les talents vers ces filières est clé et nous souhaitons exposer deux initiatives qui jouent sur l’attractivité de métiers souffrant d’une image peu valorisante.

Tout d’abord, depuis 2014, les filières d’excellence en France ont pu bénéficier d’un label intitulé Campus des métiers et des qualifications. Celui-ci désigne un réseau innovant d’acteurs partenaires en charge de développer une large gamme de formations professionnelles (technologiques et générales) centrées sur des filières spécifiques et sur un secteur d’activité stratégique. Ces campus sont des lieux d’innovation où la réalisation de prototypes qui contribuent à donner de la visibilité et à accroître l’attractivité des filières clés, notamment de l’industrie. Ils constituent également des nœuds d’opportunités pour les acteurs économiques locaux en mettant à disposition des talents formés dans une filière d’excellence.

Il existe aujourd’hui plus d’une centaine de Campus des métiers et des qualifications, labellisés entre 2014 et 2018 pour une durée de 1 à 5 ans. Cela étant, d’autres exemples tendent à suivre la même logique en mettant en avant une filière dans sa globalité, comme dans la Métropole de Lille avec Euralogistic, plate-forme collaborative et cluster économique créé en 2003 autour de la filière logistique.

Euralogistic, portée par le réseau des CCI, propose un bouquet de services  aux acteurs de la filière logistique et met en réseau les entreprises, la formation et la recherche autour de projets concrets et innovants. Le Pôle d’excellence régional Euralogistic a pour vocation de diffuser et de promouvoir les savoir-faire logistiques dans l’ensemble de la région Hauts-de-France auprès des entreprises (opérateurs logistiques, transports, industries, distribution, e-commerce …), des ports et plates-formes logistiques, des organismes de formation et de recherche, des collectivités locales et des prescripteurs, des organismes professionnels et des acteurs de l’emploi.

Soutenus par les collectivités et les entreprises, ces campus sont construits autour d’un secteur d’activité d’excellence correspondant à un enjeu économique national ou régional et donc des opportunités d’emploi conséquente pour le territoire en question. En effet ce sont soit des filières créatrices d’emploi (industrie, numérique) ou bien des filières d’avenir telles que la transition énergétique, la santé et l’économie du vivant ou la sécurité des informations.


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Industries du Futur : proposer une image positive des métiers en tension de manière ludique

Pour attirer les jeunes dans les métiers des industries du futur, une approche ludique et pédagogique est un vrai plus. Les nouvelles technologies permettent de proposer une approche immersive et attractive grâce à des outils performants qui résonnent auprès des publics visés.

Un lieu instructif et très innovant est par exemple l’Espace Champions de l’Industrie situé au cœur des Quartiers Politique de la Ville (QPV) du Havre. Composé d’un espace avec des ateliers pratiques pour découvrir les différents corps de métier de l’industrie, ce lieu d’orientation a pour ambition de lever les stéréotypes sur ces métiers jugés pénibles et dévalorisants. Les visiteurs sont invités à expérimenter des métiers comme Chaudronnier, Soudeur ou programmateur industriel. Un Escape Game a aussi été conçu pour sensibiliser les publics à l’environnement industriel, ses règles de sécurité et les Equipements de Protection Individuel (EPI). La localisation au cœur de quartiers où l’emploi des jeunes est un enjeu fondamental, conjugué à des ateliers plaisants et immersifs, est un réel succès pour cet espace qui réussit à orienter ses visiteurs vers les formations et les métiers des industries de demain.

Dans le même esprit de gamification, la startup WiXar, a également décidé de se saisir de cet enjeu d’attractivité en proposant des jeux et des formations grâce à la réalité virtuelle afin de créer les conditions d’immersion. Cette startup a lancé TestUnMétier pour découvrir les métiers du Port dans le Sud de la France notamment. Cela permet à de potentiels intéressés, de tester les métiers sans soucis de sécurité ou de disponibilité des entreprises grâce à un casque de réalité virtuelle. L’expérience rend compte du quotidien et de l’environnement dans lequel l’exercice du métier évolue. Ainsi, le candidat peut dans un même lieu découvrir des métiers dans des secteurs différents, au-delà de ce qui est proposé dans son territoire d’origine. La technologie met alors en valeur des métiers méconnus qui peuvent paraître rétrograde et peu accessible a priori. Un autre exemple ambitieux développé grâce au numérique est le projet Noria en région Grand Est, qui souhaite créer un univers hybride mêlant immersion physique et virtuelle, pour un parcours réussi vers l’enseignement supérieur d’Alsace.

En outre, d’autres solutions sont à (re)penser comme les stages de 3ème ou les tournées des métiers. L’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) a proposé à plusieurs jeunes dans le cadre de leur stage de 3ème, une immersion dans le centre de formation de la branche pour découvrir tous les parcours possibles. En une semaine, ce sont donc près d’une dizaine de métiers que les jeunes découvrent, autant d’opportunités au niveau local qui permettent de changer le regard sur des métiers peu attractifs et souvent perçus comme peu modernes. De plus, l’Agence Régionale de l’Orientation et des Métiers de la Région Normandie organise la tournée des métiers pour présenter les opportunités du territoire. Cette initiative permet, dans sept villes de la Région, d’explorer les métiers grâce à des animations et de construire son parcours.

Miser sur une pédagogie innovante en capitalisant sur la synergie entre acteurs

Pour réussir un véritable parcours d’orientation, l’objectif est de fédérer autour d’un même projet des acteurs très différents mais tous parties-prenantes d’une ambition d’avenir commune. Les industries du futur sont un très bon exemple pour embarquer entreprises, collectivités, acteurs de l’emploi et de la formation dans une même direction. Un succès à ce sujet, est celui du modèle des Ecoles de Production au nombre de 41 aujourd’hui en France qui avoisinent les 100% d’insertion professionnelle à l’issue de ces formations et 90% de réussite au C.A.P et au Bac Pro.

Pour résumer, les parcours d’orientation doivent innover pour attirer des publics éloignés de l’emploi et ce au travers de diverses stratégiques complémentaires. Cela concerne à la fois les filières professionnelles que les régions qui détiennent la compétence d’orientation et qui jouent en somme sur la compétitivité économique des territoires. Le développement de l’attractivité de secteurs clés doit être poussé par la mise en avant de filière d’excellence, de métiers en tensions et par des approches ludiques et pédagogiques qui décloisonnent les acteurs économiques et ceux de la formation. Un autre exemple ambitieux est le projet Noria en région Grand Est, qui souhaite créer un univers hybride mêlant immersion physique et virtuelle, pour un parcours réussi vers l’enseignement supérieur d’Alsace. Au-delà de l’orientation, le recrutement doit aussi proposer des modules innovants pour sélectionner des talents sur la base de leurs compétences, là où le diplôme reste encore la norme.

[1] Département d’Etat américain du travail.
[2] Jeunes de 15 à 29 ans, INSEE.


A propos de l’auteur, 

Djibril, Consultant dans l’équipe Innovation et Politiques Publiques d’Alcimed en France

 

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