Agroalimentaire

Responsabilisation des petits exploitants agricoles : comment les pays asiatiques renforcent leur agriculture !

Publié le 19 février 2021 Lecture 25 min

Actuellement, on estime à 450 millions le nombre de petits exploitants agricoles dans le monde, dont environ 350 millions en Asie. Comme 80 % de la nourriture consommée en Asie provient de ces agriculteurs locaux, leur existence est cruciale pour l’économie locale et son développement durable. C’est pourquoi les pays asiatiques accordent une plus grande importance à l’autonomie de leurs petits exploitants agricoles afin d’améliorer leurs moyens de subsistance en les aidant à accroître la productivité et l’efficacité de leurs exploitations. Dans cet article, Alcimed se penche sur les trois différentes façons dont les pays asiatiques contribuent au développement de ces acteurs clés.

Fournir une assurance financière aux petits exploitants agricoles grâce à des plateformes en ligne

Bien qu’ils soient les principaux fournisseurs de denrées alimentaires dans la région, les petits exploitants sont parmi les plus touchés financièrement au monde. C’est pourquoi les pays asiatiques ont mis en place des initiatives visant à assurer la sécurité financière, notamment en encourageant l’adoption du commerce électronique pour aider les agriculteurs à effectuer des ventes directes. Par exemple, le gouvernement indien a lancé e-NAM (National Agriculture Market), une plateforme de commerce en ligne pour les produits agricoles en Inde. Cette plateforme vise à aider les agriculteurs à obtenir des prix équitables en fonction de l’offre et de la demande réelles, ainsi qu’à fournir des facilités pour que les échanges entre agriculteurs, négociants et acheteurs en ligne se déroulent sans heurts.

Le gouvernement Thaïlandais a récemment signé un protocole d’accord avec la plateforme de commerce électronique Shopee, qui prévoit une augmentation de 30 % des ventes de produits. Il a également confirmé une discussion avec Alibaba pour y vendre des produits agricoles.

Des entités privées tirent également parti des technologies en ligne pour financer les agriculteurs locaux. CROWDE est une plateforme mobile indonésienne de financement collaboratif qui permet aux utilisateurs d’investir dans des exploitations agricoles à travers le pays et aide à mettre en relation les agriculteurs enregistrés avec les acheteurs et les fournisseurs. Les investissements que reçoivent les agriculteurs se présentent sous la forme de matériel agricole et de semences ; à l’heure actuelle, la communauté compte 18 000 agriculteurs. Cropital est une plateforme similaire qui met en relation les investisseurs et les agriculteurs philippins. Les investisseurs reçoivent des retours sur investissement à taux fixe en fonction du succès de la récolte. Cropital fournit également des ressources de formation agricole, avec le soutien d’institutions mondiales aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Malaisie.

Innovations technologiques pour renforcer la productivité des petits exploitants agricoles

À mesure que l’urbanisation progresse, l’industrie agricole doit suivre cette croissance et s’efforcer d’augmenter la productivité en tenant compte des défis supplémentaires posés par le changement climatique. Dans ce contexte, la technologie est un outil majeur qui pourrait être utilisé par les petits exploitants agricoles pour stimuler la productivité et l’efficacité. Par exemple, Jala est une application web indonésienne qui aide les éleveurs de crevettes à surveiller la qualité de l’eau des bassins en temps réel, minimisant ainsi les risques de perte de récolte. Bayer et XAG ont signé un protocole d’accord en février 2020 afin d’apporter, de promouvoir et de commercialiser la technologie agricole numérique en Asie du Sud-Est et au Pakistan (SEAP), avec la Thaïlande, le Vietnam et le Pakistan comme pays clés. L’objectif de cette collaboration est d’aider les petits exploitants agricoles à accéder au savoir-faire et à la technologie de gestion numérique des exploitations agricoles et, par ce biais, de stimuler la production agricole durable.

Cependant, Grow Asia a souligné que les solutions AgTech qu’elle propose ne sont utilisées que par 2,5 % de l’ensemble des petits exploitants agricoles de la région SEAP. Cela est dû en grande partie au coût des solutions technologiques, qui ne correspond pas à leur situation financière. C’est là que brillent les plateformes de financement de masse telles que celles décrites plus haut. En outre, le gouvernement chinois encourage l’adoption d’équipements intelligents tels que les tracteurs de labour automatique en accordant des subventions aux agriculteurs qui achètent ces équipements via des applications mobiles.

Renforcer l’éducation et les compétences des petits exploitants agricoles

Un autre défi de l’adoption technologique est le manque de compétences pour exploiter ces technologies. Pour améliorer la productivité et optimiser les pratiques agricoles, l’Asie renforce les compétences et les connaissances de ses petits exploitants. Des ateliers éducatifs pourraient être employés ici, comme l’exemple de l’université de Thammasat en Thaïlande, conjointement avec Watchara Durian Orchard et NIM Express, qui a organisé une session de formation pour les agriculteurs en matière de commerce électronique afin de les guider vers leur adoption. Entre-temps, le gouvernement indonésien a mis en place des instructeurs agricoles pour aider les agriculteurs locaux à accroître leur production et leur efficacité. En conséquence, la production de maïs du pays a connu une telle augmentation que l’Indonésie a pu réduire l’importation de maïs de 3,6 millions de tonnes en 2014 à seulement 180 000 tonnes en 2018.

Unilever a exprimé l’importance d’améliorer les moyens de subsistance des petits agriculteurs. La société a mis en place de nombreux programmes destinés aux petits exploitants agricoles afin d’améliorer les pratiques agricoles au sein des communautés, tels que la cartographie des plantations, la formation des agriculteurs et des programmes de soutien. Par exemple, elle a réalisé un projet avec le moulin indépendant PT SKIP pour les exploitants indépendants de palmiers dans la province de Riau, en Indonésie. Au final, 4 000 petites exploitations ont été cartographiées et 1 864 agriculteurs ont suivi des écoles d’agriculture de terrain ; la région a également fait état d’une forte augmentation de la productivité et de la qualité des fruits, 95 % de la communauté ayant signalé une amélioration de la productivité.

Malgré la contribution importante de l’industrie agricole, les petits exploitants sont confrontés à plusieurs défis en matière de financement et de productivité. Afin de donner à ces agriculteurs les moyens d’être autonome et d’améliorer leurs conditions de vie, l’Asie travaille activement à l’amélioration de la stabilité financière, à l’adoption de technologies et à l’éducation. Cette tendance est soutenue non seulement par les gouvernements locaux, mais aussi par des initiatives communautaires et des entités privées. Alors que de plus en plus de solutions numérisées sont développées pour améliorer la productivité agricole et alléger les contraintes de ces acteurs, stimuler l’adoption de ces solutions est le prochain défi à relever si l’Asie veut anticiper l’avenir de l’agriculture, qui sera intelligente et durable. Pour faire face à ce défi majeur en Asie, notre équipe en APAC se tient prête à vous aider à explorer les innovations et nouvelles approches envers les petits exploitants agricoles !


A propos des auteurs
Bettina, Directrice de Business Unit et Tara, Consultante dans l’équipe Life Sciences d’Alcimed en Asie-Pacifique

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