Agroalimentaire

Viticulture durable : 3 stratégies innovantes pour se départir des phytosanitaires

Publié le 12 septembre 2022 Lecture 25 min

Le monde viticole affronte actuellement des enjeux de taille incluant la nécessité d’opérer sa transition écologique et le besoin de faire face à la pression du changement climatique. Aussi, le modèle de monoculture intensive de la vigne basé sur le recours massif aux produits phytosanitaires semble atteindre ses limites. Du côté du législateur, le plan Écophyto II+ matérialise les engagements du Gouvernement pour atteindre l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025. Conséquemment, d’autres systèmes de viticulture sont à imaginer. Alcimed a recensé 3 leviers d’innovation mis en œuvre par des acteurs académiques, des entreprises mais aussi des coopératives et des producteurs pour construire une viticulture durable.

Viticulture durable : la fin de la monoculture intensive de la vigne

L’usage massif des produits phytosanitaires (herbicides, insecticides, fongicides) affecte non seulement leur efficacité du fait de phénomènes de résistances, mais de surcroit, il se trouve associé à des effets indésirables sur l’environnement et la santé. Ces effets indésirables se voient aujourd’hui de plus en plus sanctionnés par les consommateurs lors de leurs choix.

Conséquemment, d’autres systèmes de viticulture sont à imaginer pour construire un modèle viticole plus durable.

Des traitements de biocontrôle originaux à la formulation optimisée dans la viticulture de demain

Sur le plan curatif, dans une viticulture durable, il s’agit de remplacer des solutions chimiques de type insecticides et/ou fongicides par des solutions de biocontrôle.

Les solutions de biocontrôle utilisent des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures (article L. 253-6 du code rural et de la pêche maritime).

Cette stratégie implique de rechercher des produits aux modes d’action basés par exemple sur l’activation/dé-répression des défenses de la vigne (les éliciteurs), la perturbation de la reproduction des pathogènes (phéromones sexuelles),… Une emphase particulière est mise sur les solutions ciblant les phases critiques du cycle de vie des agents pathogènes. Par exemple, dans le cas de maladies fongiques telles que le mildiou de la vigne, il y a un fort enjeu à empêcher le développement des oospores (forme de conservation dans le sol et de dispersion du pathogène).

Ne présentant pas une efficacité absolue, ces nouvelles solutions de biocontrôle gagnent à être optimisées, notamment en travaillant sur leur formulation et leurs modalités d’application. Par exemple une formulation sous forme de microcapsules permet de protéger, de mieux stabiliser et d’accroitre le temps de diffusion des principes actifs.

En parallèle, il est prévu de coupler ces solutions à des stratégies innovantes de détection et de modélisation épidémiologiques afin de traiter au bon endroit et au bon moment.

Viticulture durable : des modèle épidémiologiques et prévisionnels plus précis

Ce levier d’innovation en viticulture durable consiste à mettre en place des modèles épidémiologiques basés sur l’intégration de données météorologiques, agronomiques et éventuellement de détection des pathogènes. Plus précisément, deux types de modèles sont développés. D’une part les modèles simulant localement les cycles de développement de la maladie à partir de données de stations météorologiques et d’autre part les modèles qui vont intégrer des paramètres complémentaires tels la dissémination à partir d’une source afin de simuler un risque dans l’espace et de le formaliser sous forme de carte.

L’identification précoce du pathogène peut faire intervenir des techniques d’identification moléculaires comme par exemple la LAMP PCR présentant un très haut niveau de spécificité, intégrés dans des pièges installés au sein des parcelles. Cette préoccupation se retrouve au sein d’autres secteurs agricoles incluant notamment l’arboriculture et les cultures tropicales.

Vacciner les plantes, une stratégie prophylactique viticole d’avenir ?

Avec le séquençage d’un nombre croissant d’organismes, les génomes et transcriptomes des pathogènes et de leurs organismes hôtes sont de plus en plus exhaustivement connus et permettent le développement de solutions préventives basées sur l’ARN. Comme BioNTech et Moderna, qui ont développé des thérapies à base d’ARN contre des pathologies humaines, il est envisageable de proposer des solutions à base d’ARN  ciblant les pathogènes à l’intérieur des plantes et conférant à ces dernières une immunité en cas d’attaque du pathogène. Aussi, la voie vers le phyto-vaccin est ouverte !

En résumé, plusieurs leviers d’innovation sont à intégrer dans le cadre d’une viticulture plus durable. En dépit de la volonté du gouvernement et des acteurs de la filière viticole de promouvoir un changement de paradigme, la réalité des itinéraires techniques et leur intégration à l’échelle du territoire via la coordination d’acteurs très différents peuvent se dresser comme de réels défis. Aussi, d’autres leviers pourraient être approfondis tels une stratégie de coordination des acteurs, un plan de communication et de pédagogie…

Vous êtes un acteur du secteur agricole et vous vous posez la question de développer des stratégies innovantes contribuant à créer des modèles de production agricole plus durables ? Alcimed peut vous accompagner à explorer les possibilités !


A propos de l’auteure,

Clémentine, Consultante au sein de l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France

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