Santé

Evolution du rôle des MSL en France : les 4 tendances à suivre

Publié le 25 janvier 2021 Lecture 25 min

Au cours des dernières années, les MSL (Medical Science Liaison, chargés de l’information médicale et scientifique en région) ou RSR en français (Référent Scientifique en Région) sont devenus une fonction terrain clé pour les industries de santé, notamment les industries pharmaceutiques. Deux événements récents : la publication en 2019 des dispositions déontologiques professionnelles du LEEM portant sur les Règles applicables aux personnes chargées de l’information médicale et scientifique en région qui précisent les rôles proactifs et réactifs des MSL auprès de la communauté médicale, et l’accélération vers la digitalisation des interactions suite à la crise sanitaire mondiale, ont mis en évidence la nécessité de faire évoluer le rôle des MSL. Alcimed vous emmène découvrir les 4 tendances à suivre pour redéfinir le rôle des MSL en France.

Vers une approche multicanal hybride des interactions avec les professionnels de santé

La situation de crise sanitaire mondiale liée à la COVID-19 a mis en exergue la nécessité de digitaliser le modèle d’interaction clients afin de maintenir un lien continu avec les professionnels de santé. Le développement d’une stratégie qui permet aux entreprises d’être flexibles dans leur approche et d’alterner entre le virtuel et le présentiel selon les objectifs visés est la solution à privilégier. La mise en place d’une approche hybride nécessite alors pour les entreprises d’être outillées et pour les collaborateurs d’être formés aux outils digitaux et nouveaux moyens de communication.

La digitalisation des interactions entre professionnels de santé et MSL présentent deux avantages majeurs :

  • Elle facilite la prise de contact qui devient plus rapide.
  • Elle permet de renforcer le partage de l’information via des formations en ligne ou des webinars. Elle donne par exemple la possibilité de présenter directement un contenu varié moins facilement accessible et manipulable dans une visite en face-à-face.

La visite en présentiel reste pour autant  une approche clé qui vise à accompagner les médecins dans la prise de décisions importantes pour leurs patients. En effet, ces décisions se prennent rarement sur la base d’échanges virtuels uniquement et nécessitent la présence du facteur humain, qu’il soit lié aux MSL ou à des pairs. Ainsi, malgré l’émergence des échanges virtuels, de nombreux professionnels de santé restent encore attachés à l’interactivité et la convivialité de la visite en présentiel ce qui souligne l’importance de conserver une approche hybride et multicanal.

Une implication des MSL de A à Z dans les études cliniques

Pour répondre aux besoins aussi bien des professionnels médicaux que des entreprises, les MSL sont amenés de plus en plus à initier l’engagement des professionnels de santé plus tôt dans le cycle de vie du produit. Les MSL sont en effet davantage sollicités en amont du lancement d’un produit pour comprendre l’écosystème, le parcours patient et leurs points de blocage ; et ainsi préparer au mieux le lancement commercial du produit.

De plus, originellement impliqués ponctuellement dans les essais cliniques en phase 3 et 4, l’implication des MSL tend à croitre et ce dès les phases précoces de développement jusqu’aux phases avancées de post-ATU (ATU : Autorisation Temporaire d’Utilisation) et d’études en vie réelle.

Les MSL en amont d’une étude clinique

Les MSL sont désormais à mêmes de proposer des sujets d’études au siège de leur entreprise sur la base de leurs discussions avec les médecins, et peuvent avoir un rôle de conseil et de soutien auprès de ces mêmes médecins, également en charge de développer ces projets.

Les MSL en phase post-ATU

Les MSL peuvent également contribuer à la cartographie des parcours patients afin de garantir que toutes les données nécessaires à l’évaluation des technologies de santé sont disponibles.

Un rôle pivot des MSL au niveau régional

La tendance actuelle est à la structuration des filières de soins avec notamment la mise en place des initiatives suivantes : lien ville-hôpital, CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé), et ma santé 2022. Dans ce contexte, la connaissance du tissu régional devient clé afin d’opérer au mieux dans la pluridisciplinarité et complexité de ces écosystèmes. L’implication des MSL s’étend ainsi des échanges avec les professionnels de santé jusqu’à la réalisation de projets tels que ceux promus dans le cadre de l’article 51 (par exemple : appui à la coordination à l’échelle locale entre les acteurs hospitaliers et de ville).

Forts de leur connaissance approfondie des spécificités et de l’ensemble des acteurs de santé en région (des professionnels de santé, aux ARS et associations de patients, etc.), les MSL deviennent des acteurs incontournables des écosystèmes de santé régionaux.

De plus, grâce à leur vision précise des enjeux régionaux, les MSL développent une compréhension accrue des besoins et attentes de chaque professionnel de santé, et proposent une réponse optimale en considérant les ressources disponibles au sein des laboratoires pharmaceutiques. Cette approche favorise à termes l’engagement des professionnels de santé et renforce la qualité de la relation.

Une spécialisation des profils des MSL vers des profils plus scientifiques

L’environnement de soins devenant de plus en plus complexes, les professionnels de santé énoncent le besoin d’avoir des discussions plus poussées encore au niveau médical et scientifique, incitant les laboratoires pharmaceutiques à s’adapter en recrutant des profils plus scientifiques.

Il est recommandé que les MSL aient une connaissance approfondie du domaine thérapeutique dans lequel ils travaillent afin de garantir des échanges médicaux et scientifiques de haut niveau avec les universitaires, médecins en exercice et autres professionnels de santé. Les nouvelles modalités thérapeutiques telles que la thérapie génique posent même la question d’une spécialisation forte des MSL par modalité thérapeutique plutôt que par indication afin qu’ils maitrisent parfaitement les contenus techniques, technologiques et leurs implications.

Anciennement pas toujours issus de formations scientifiques, les profils de MSL muent donc vers des profils scientifiques de type master 2 ou doctorat en Sciences, médecine ou pharmacie, appuyant leur légitimité et crédibilité scientifique auprès des professionnels de santé. En effet, un niveau minimum requis de cinq années d’étude après bac a été précisé en 2019 par le LEEM.

En améliorant le niveau scientifique des discussions, l’adaptation des profils de MSL contribue au meilleur engagement des professionnels de santé.

Devenant à la fois acteurs de la digitalisation et des essais cliniques, forces motrices au niveau régional, et interlocuteurs scientifiques de haut-niveau, l’avenir des MSL est à l’expansion de leurs activités. Ainsi, au vue de la diversification du rôle des MSL en France, les laboratoires doivent repenser le positionnement stratégique des MSL afin d’accroître l’engagement des professionnels de santé pré- et post- lancement ; en promouvant les profils scientifiques et en envisageant une approche multicanal par exemple.


A propos de l’auteur
Cécile, Consultante dans l’équipe Santé d’Alcimed en France

Vous avez un projet ?

    Parlez-nous de votre terre inconnue

    Vous avez un projet et vous souhaitez en parler avec un de nos explorateurs, écrivez-nous !

    Un de nos explorateurs vous recontactera très vite.


    Pour aller plus loin