Le cancer est un exemple de maladie qui évoluera de plus en plus vers un statut chronique, ce qui aura naturellement un impact sur les coûts et les exigences en matière de qualité des soins. Par rapport aux épisodes de soins aigus, les soins chroniques tels que ceux prodigués en oncologie sont souvent plus difficiles et plus coûteux pour le système de santé dans son ensemble. En effet, de nombreux facteurs variables spécifiques au patient et des comorbidités entrent en jeu, et les patients doivent être pris en charge sur de longues périodes, sous la supervision de plusieurs spécialistes. L’un des moyens de maintenir la qualité des soins stable, voire de l’améliorer, tout en limitant les coûts afin d’éviter une trop grande pression sur les systèmes de soins de santé, consiste à adopter des approches de soins de santé fondées sur la valeur (VBHC). Dans cet article, Alcimed analyse comment ces approches innovantes peuvent être utilisées pour améliorer les soins en cancérologie.
Les soins de santé basés sur la valeur (engl. : value-based healthcare ou VBHC) soulignent l’importance de mettre l’accent sur les résultats de santé du traitement par rapport à ses coûts. Il s’agit d’un modèle de prestation de soins de santé dans lequel les prestataires, y compris les hôpitaux et les médecins, sont payés en fonction des résultats de santé des patients et s’éloignent des traitements de quantité pour gagner de l’argent (qui ne sont pas nécessaires). Dans le cadre des accords de soins fondés sur la valeur, les prestataires sont récompensés pour avoir aidé les patients à améliorer leur santé, à réduire les effets et l’incidence des maladies chroniques et à vivre plus sainement, d’une manière fondée sur des données probantes.
Michael Porter, le pionnier, a proposé un premier modèle reposant sur six piliers, qui servent aujourd’hui de base à l’élaboration de différents types de modèles aux États-Unis et ailleurs :
Bien que le terme « basé sur la valeur » existe depuis plusieurs années, l’intégration de structures basées sur la valeur dans la fourniture de soins, en particulier dans les maladies chroniques telles que l’oncologie, reste un défi. Cela s’explique par deux raisons principales
Les prestataires de soins de santé sont quelque peu libres de traduire la « valeur » en mesures subjectives, mais les soins souvent non coordonnés et le manque de données nécessaires et systématiques pour mesurer les résultats en matière de santé ont rendu le consensus sur la valeur difficile. En outre, il est difficile d’obtenir un consensus sur la manière de la mesurer. Il reste à prouver que toutes les mesures améliorent la qualité des soins et de la vie de manière égale.
Les patients atteints de cancer présentent une grande variabilité dans l’état de la maladie et de son évolution, diverses options thérapeutiques, différents points de début et de fin de traitement, et nécessitent généralement une approche pluridisciplinaire de leurs soins. Il y a donc plusieurs points dans le parcours de soins où la « valeur » peut être définie et mesurée, ainsi que différents éléments des résultats de santé – à court et à long terme, ainsi que l’expérience du patient elle-même.
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Pour parvenir à des soins de santé à valeur ajoutée centrés sur le patient, deux facteurs essentiels entrent en jeu : le centrage sur le patient et les modèles de remboursement basés sur la valeur.
L’approche centrée sur le patient souligne l’importance d’adapter les soins de santé aux circonstances et aux préférences uniques de chaque patient. L’objectif est de fournir des soins complets et intégrés qui non seulement améliorent les résultats pour la santé des patients, mais aussi leur expérience globale du traitement et leur qualité de vie.
D’autre part, les modèles de remboursement basés sur la valeur se concentrent sur les coûts et apportent de nouvelles perspectives sur le remboursement et les responsabilités financières des parties prenantes, telles que les prestataires de soins et les payeurs. L’objectif est d’encourager et de favoriser la collaboration entre toutes les parties impliquées dans la prestation de soins de santé afin de s’aligner sur l’amélioration des résultats pour les patients tout en gérant les coûts et les risques.
Par rapport aux autres pays du monde, les États-Unis sont ceux qui ont le plus grand nombre d’initiatives de remboursement basées sur la valeur, la loi sur les soins abordables (affordable care act) étant à l’origine de l’évolution vers des approches VBHC. Environ 90 % des médecins américains utilisent des dossiers de santé électroniques (DSE), qui constituent un outil essentiel pour rendre compte des mesures de performance et de qualité. Les médecins de premier recours utilisent les DSE pour facturer et rendre compte des mesures de qualité qui varient en fonction du programme auquel ils participent, mais il peut être difficile pour les prestataires de soins de santé de s’y retrouver parmi les nombreux programmes, mesures et fonctionnalités des DSE. La motivation des médecins à participer à des programmes de qualité varie en fonction de leur profil individuel, mais une fois qu’un système est en place, il peut être difficile de le quitter.
Dans le système de santé allemand, la qualité des soins est le principal moteur, et le pays fait des progrès prometteurs vers des soins centrés sur le patient et fondés sur la valeur. Par exemple, la qualité est prise en compte dans le remboursement des médicaments et dans le codage des groupes de diagnostic (DRG), qui met l’accent sur la qualité des traitements plutôt que sur la quantité. Toutefois, le système de santé présente encore d’importantes inégalités dans la fourniture des soins, notamment en termes d’accès aux soins et de qualité des soins. Le programme de certification des centres anticancéreux, qui doivent répondre à des normes de qualité spécifiques, est un exemple de la manière dont l’Allemagne évolue vers des soins de santé axés sur la valeur et centrés sur le patient. Ce programme est actuellement en cours et vise à consolider les soins dans des centres experts.
La clinique Martini, située à Hambourg, est un exemple de centre certifié, avec une certification unique. Cette certification est considérée comme un PLUS car l’ensemble de la clinique se concentre exclusivement sur une seule pathologie, le cancer de la prostate. Le système de soins a été méticuleusement optimisé pour obtenir les meilleurs résultats possibles pour cette pathologie spécifique. La clinique a établi des principes directeurs pour parvenir à ces résultats exceptionnels, notamment
Entre-temps, la clinique Martini est devenue le plus grand centre de traitement du cancer de la prostate au monde, elle a atteint des normes et des résultats de classe mondiale pour les patients et elle est très probablement LE choix à faire pour les patients atteints de cancer de la prostate s’ils le peuvent.
Bien que de nombreux systèmes de soins de santé commencent à adopter le concept du VBHC, plusieurs obstacles doivent encore être surmontés. L’un des principaux défis consiste à définir la notion de « valeur » dans le domaine des soins de santé. En outre, bien que l’approche centrée sur le patient soit une composante essentielle, elle n’est pas encore établie de manière uniforme dans tous les systèmes de soins de santé, et les patients n’ont souvent pas le même accès aux soins. Globalement, divers programmes ont été développés et évoluent continuellement, mais pour parvenir à une mise en œuvre systématique dans les systèmes de soins de santé, il faut convaincre toutes les parties prenantes, établir des systèmes de remboursement optimaux ou intégrer les dossiers médicaux électroniques tout en analysant et en utilisant efficacement les données correspondantes. Chez Alcimed, nous vous tiendrons informés des développements futurs. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Volker, Grand explorateur en oncologie au sein de l’équipe Sciences de la vie d’Alcimed en Allemagne
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