Santé

Les start-ups santé en France : 3 facteurs d’attractivité pour les filiales de l’industrie pharmaceutique

Publié le 06 juillet 2021 Lecture 25 min

Soutenue par la forte ambition politique de construire une « Silicon Valley Européenne », la France possède un écosystème très dynamique de start-ups, dont la santé est un secteur phare. En 2020, les HealthTech françaises, regroupant le domaine des biotech, des medtech et de la e-santé, ont levé 1,5 milliards d’euros, faisant de la France le 2ème pays le plus dynamique en Europe. Alcimed revient sur les facteurs clés qui font de la France un pays attractif pour les start-ups en santé.

Un environnement HealthTech dynamique s’appuyant sur l’excellence scientifique

La France bénéficie d’un tissu de start-ups en santé déjà dense et dynamique. En effet, plus de 60 sociétés de biotechnologies sont créées par an dans le pays. Les prévisions de France Biotech estimaient en 2017 que la filière HealthTech pourrait générer un chiffre d’affaires global de plus de 40 milliards d’euros d’ici 2030 en France.

Ce développement s’appuie d’abord sur des initiatives phares telles que la French Tech 120, qui accompagne et finance 120 start-ups dont une majeure partie dans le domaine de la santé, la HealthTech comptant 22 représentants en 2021. La Station F située au cœur de Paris est également un acteur de poids : il s’agit de l’un des plus grands campus de start-ups au monde, regroupant à ce jour plus de 1000 projets entrepreneuriaux.

Nommée pour la 2ème année consécutive société French Tech 120, la start-up TISSIUM, qui développe une plateforme de polymères chirurgicaux biomorphiques et programmables, bénéficiera du soutien de divers acteurs des services publics et agences gouvernementales pour accélérer sa croissance. Elle utilisera les 38,75 millions d’euros de sa série B de novembre 2019 pour accompagner son expansion mondiale.

Par ailleurs, on constate que ces start-ups et biotechs restent très proches des centres académiques de haut-niveau. En effet, 52% des HealthTech sont issues de travaux de recherche publiques ou académiques. Ainsi, 78% des entrepreneurs sont médecins, chercheurs ou scientifiques.

Prenons le cas de Eligo Bioscience, une start-up qui développe des phages pour « reprogrammer » le microbiome, ayant vu le jour suite à des travaux de recherches au MIT, puis une incubation à l’institut Pasteur. Aujourd’hui incubée dans le cluster d’innovation Paris Biotech santé à l’hôpital Cochin, cette start-up illustre parfaitement ce phénomène de forte proximité entre entreprenariat et expertise scientifique.

Cet écosystème florissant bénéficie également d’évènements internationaux d’envergure permettant de faire rayonner la filière française et de favoriser les investissements privés, comme le forum VivaTech, ou bien le HealthTech innovation Days ayant accueilli en 2019 88 HealthTech françaises, 42 fonds d’investissement internationaux et 12 groupes pharmaceutiques.

La France, un fleuron du digital et de l’IA au service de la santé

La France fait figure d’hyperactive dans le domaine de l’intelligence artificielle depuis maintenant plusieurs années, et le secteur de la santé est une des priorités pour son application. Dans le cadre du programme « AI for Humanity » pour repenser la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle, 4 instituts interdisciplinaires spécialisés en IA ont fleuri à travers le label 3IA en 2019. Ces derniers ont ainsi reçu un financement total de 100M€ sur 4 ans, bon témoignage des engagements politiques qui favorisent la levée de financements importants. Des projets développant de nouveaux services patients s’appuyant sur l’IA pourraient ainsi voir le jour.

Bien que dotés de fonds à hauteur de 10 milliards d’euros, l’innovation et l’industrie devront, via des appels à projets, répondre à un enjeu de taille : « comment améliorer les diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle ? ». En partenariat avec le Health Data Hub, un appel à projet a été lancé en ce sens fin 2019, s’appuyant sur la collecte de données de santé et le soutien à la recherche et développement.

Ainsi, de nombreuses start-ups émergent notamment dans le secteur de la e-santé (applications, sites webs, logiciels, chatbots, …), l’IA et la data en santé. Certaines d’entre elles ont pour objectif d’accélérer la recherche. Par exemple, Aqemia, un spin-off de l’ENS et du CNRS, développe une plateforme IA pour découvrir de novo des molécules thérapeutiques. D’autres proposent des solutions digitales pour améliorer la prise en charge des patients comme Medadom pour la téléconsultation et Hoppen pour digitaliser le quotidien du personnel hospitalier avec des chambres connectées ou des parcours ambulatoires fluidifiés par la gestion de flux patients en temps réel.


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Des acteurs industriels déjà positionnés

Les approches « open innovation » fleurissent pour développer les relations entre laboratoires, déjà bien implantés dans cet écosystème dynamique et les start-ups, via des appels à projets, des hackathons, des conférences, des fonds de dotation et des partenariats. Avec un niveau d’implication plus fort encore, il existe des programmes d’accompagnement complet au développement de ces start-ups.

Par exemple, le Plan PME et Start-up, porté par la filiale France de Sanofi et piloté par le département global dédié aux ressources humaines, soutient le développement business et à l’international de start-ups françaises. Ces dernières sont des fournisseurs actuels ou potentiels du laboratoire. D’autres initiatives ont pour objectif d’accélérer le développement de solutions digitales en santé comme le programme AI Factory for Health lancé par les filiales France de Microsoft et Astra Zeneca. Ce programme est à destination des start-ups spécialisées dans l’IA santé et les forme pendant 3 mois à acquérir une expertise de l’industrie de la santé tout en permettant au laboratoire de repérer des start-ups à haut potentiel pour d’éventuels partenariats ou investissements futurs.

De ce fait, les filiales françaises des industriels pharmaceutiques s’impliquent de plus en plus, en support des activités de leurs sièges internationaux, dans le but de capter de nouvelles opportunités autour de thérapies innovantes. Elles peuvent ainsi capitaliser sur leur proximité avec cet écosystème dynamique de start-ups pour mener des activités en support du business development.

Si l’attractivité de la France en matière de start-ups en santé est une véritable opportunité pour les industriels de la santé, cela n’en reste pas moins un environnement concurrentiel où de plus en plus de laboratoires s’activent auprès de ces potentielles « pépites ». Dans un contexte où l’innovation en santé évolue dans un écosystème fertile, il est indispensable pour les acteurs du domaine de définir une stratégie différenciante afin de les attirer et de capter ces opportunités.


A propos des auteurs,
Lambert, Responsable de Mission Senior et Tak-Wai, Consultant dans l’équipe Santé d’Alcimed en France

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