Cross-sectoriel

Le stockage à froid, une solution écologique pour réduire l’impact environnemental du stockage des données

Publié le 26 juin 2023 Lecture 25 min

Bien qu’immatériel en apparence, le numérique génère déjà aujourd’hui autant voire plus d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde que le transport aérien[1] ; et cet impact bien réel ne cesse de croître. À l’heure où les entreprises s’engagent dans des plans de transformation RSE, changer leurs habitudes de gestion des données pourrait être un levier pour diminuer leur impact environnemental.

Au travers d’une série dédiée à l’impact environnemental et social des données, Alcimed vous invite à explorer 3 axes de transformation dont l’adoption d’une gestion durable des données, l’optimisation du stockage des données et l’implémentation de nouvelles technologies. Dans ce deuxième volet, Alcimed s’intéresse à l’intérêt du stockage à froid des données.

La data, une activité à fort impact environnemental

Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Aujourd’hui, nombre d’entreprises concentrent leurs stratégies RSE autour d’actions telles que la limitation des transports aériens ou la réduction des déchets. Bien que clés, ces stratégies pourraient cependant devenir insuffisantes face à l’impact environnemental croissant d’autres activités, telles que la gestion des données. Il est donc important de refaire le point sur les priorités de nos entreprises et sur les bonus ou malus que peuvent représenter chacune de nos actions.

Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, l’aviation civile en représente 2% à 3% par exemple[2]. Le transfert et surtout le stockage des données, ainsi que la fabrication des composants électroniques nécessaires, sont en effet des processus très énergivores : il a été estimé que la consommation énergétique totale des data centers en 2018 était de 205 TWh, soit 1% de la consommation énergétique mondiale[1]. En parallèle, une deuxième étude[3] montre que la quantité de données numériques crées ou répliquées par an dans le monde pourrait être multipliée par près de 4,5 entre 2018 et 2025. Si rien n’est fait, l’impact environnemental des données pourrait donc bien exploser dans les prochaines années – en France, on estime que le numérique sera responsable de 7% des émissions de gaz à effet de serre en 2040[4].

Malgré une empreinte environnementale que l’on ne peut donc plus négliger, la data reste cependant « sous le radar » et son impact sous-estimé. Trois raisons peuvent l’expliquer : l’illusion de l’immatérialité des données et leur faible coût financier, ce qui engendre une génération exagérée de données ; des pratiques de stockage trop énergivores et inadaptées aux usages ; ainsi que la récence des technologies de la big data et un manque d’acculturation donc.

Heureusement, il existe des solutions qui pourraient permettre de limiter l’empreinte environnementale de la data et de freiner, voire de renverser, cette tendance.

L’enfer du stockage à chaud des données

Aujourd’hui, souvent par manque d’optimisation et d’organisation, nous avons tendance à conserver toutes nos données à chaud (« hot-storage »).

Contrairement aux industries fondées sur des transferts de données, telles que les visioconférences (mentionnées dans le premier volet de cette série sur la gestion durable des données), l’empreinte environnementale des données dans la plupart des industries est surtout due à leur stockage. En effet, la différence entre le stockage et la transmission des données est que le premier consomme de l’électricité tous les jours, alors que le deuxième ne consomme qu’au moment du transfert. En outre, le stockage consomme aujourd’hui plus d’électricité par octet que le transfert. Cela est dû à notre manière de stocker les données.

Souvent par manque d’optimisation et d’organisation, nous avons tendance à conserver la majorité de nos données à chaud (« hot-storage »). Cela signifie que nos données sont enregistrées sur des serveurs accessibles à tout moment, et donc allumés en permanence. C’est la technique de stockage la plus répandue, mais aussi la plus consommatrice. En effet, le stockage d’1 Go de données partagées sur un serveur Cloud, par exemple, a une empreinte carbone d’environ 15 gCO2eq par an en Europe[5], soit plus qu’un trajet de 100m en voiture. Cela peut sembler anecdotique à l’échelle d’un an, mais nous parlons là d’un seul giga-octet ; en entreprise, nous générons et stockons des milliers de giga-octets tous les ans. L’impact du stockage est d’ailleurs d’autant plus élevé si ces documents collaboratifs sont stockés sur des serveurs locaux, car ces derniers sont alimentés en électricité commune et ne proposent malheureusement que rarement une optimisation algorithmique de la gestion des données, contrairement au Cloud. Leur usage peut cependant être nécessaire, pour des raisons de cybersécurité. Dans ce cas, d’autres techniques de stockage peuvent permettre de limiter l’impact de nos données sur l’environnement, comme le stockage à froid des données.

Lire aussi : La migration vers le cloud, une solution écologique pour réduire l’impact environnemental du stockage de données ?

Le stockage à froid : une solution de stockage des données plus écologique

Qu’est-ce que le stockage à froid ?

Lorsque les données ne sont plus utiles au quotidien, un stockage dit à froid (« cold-storage ») devient suffisant.

L’accessibilité immédiate et en tout temps est inutile pour une grande partie de nos données, notamment celles que nous conservons pour des raisons d’archivage ou pour des questions de conformité et que nous ne consultons donc que très rarement, voire jamais. Lorsque les données ne sont plus utiles au quotidien, un stockage à froid (« cold-storage ») devient suffisant. Cette technologie, en plein essor chez tous les fournisseurs de solutions de stockage (Cloud ou non), place les données « froides » dans des serveurs qui ne s’activent qu’à la demande, les données stockées sont alors gelées et les serveurs ne consomment que lorsqu’une demande d’accès est faite. Cela peut ralentir l’accès aux informations, car les données stockées à froid ne peuvent être consultées que quelques jours après la demande d’accès, mais permet de réduire considérablement la consommation électrique[6] liée au stockage des données, et donc leur coût financier et leur impact environnemental, par un facteur allant jusqu’à 3,5[7].

4 étapes pour adopter le stockage à froid dès aujourd’hui

Le stockage à froid des données est une solution efficace et facile à implémenter étant donné qu’une simple migration des données vers des serveurs froids suffit. Voici les étapes à suivre pour l’adopter dès aujourd’hui :

  • Etape 1 : identifier les données actuellement stockées à chaud qui devraient être archivées ;
  • Etape 2 : établir une politique de gestion pour les données à venir, avec des périodes de stockage chaud et stockage à froid bien définies pour les différents types de données collectées (le passage par du stockage à chaud pourrait même être complètement évité pour certaines données) ;
  • Etape 3 : organiser des campagnes d’archivage régulières et systématiques pour faire respecter cette politique en migrant les fichiers à archiver vers des serveurs froids, dès que possible ;
  • Etape 4 : supprimer les données froides à la fin de la période de stockage définie.

Le numérique est bel et bien devenu un enjeu environnemental prioritaire dont le poids croît encore aujourd’hui de manière exponentielle, notamment à cause du stockage des données. La mise en place d’une politique interne visant à mieux gérer les données stockées, ainsi qu’une plus grande adoption du stockage à froid des données peuvent permettre de freiner, voire de renverser, cette tendance. Dans le troisième et dernier volet de notre série, nous explorerons les avantages du Cloud en termes d’impact environnemental. Alcimed se tient à vos côtés pour vous aider à relever les défis du stockage de données au travers d’une stratégie de sobriété numérique. N’hésitez pas à contacter notre équipe !

[1] Freitag, C. et al. (2021). The real climate and transformative impact of ICT : A critique of estimates, trends, and regulations. Patterns, 2(9), 100340.
[2] Deluzarche, C. – Réchauffement climatique : le secteur du numérique génère plus de gaz à effet de serre que l’aviation. Futura.
[3] Gaudiaut, T. (2021). Le Big Bang du Big Data. Statista Infographies.
[4] Sénat (2020). Mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique.
[5] Cloud Carbon Footprint – An open source tool to measure and analyze cloud carbon emissions.
[6] LogicMonitor. (2022). Hot Storage vs. Cold Storage.
[7] Holcman, K. – Comment réduire l’impact environnemental du stockage de données ?


A propos de l’auteur, 

Matthieu, Consultant au sein de l’équipe Data d’Alcimed aux États-Unis

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