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La migration vers le cloud, une solution écologique pour réduire l’impact environnemental du stockage de données ?

Publié le 28 juin 2023 Lecture 25 min

Bien qu’immatériel en apparence, le numérique génère déjà aujourd’hui autant voire plus d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde que le transport aérien ; et cet impact bien réel ne cesse de croître. A l’heure où les entreprises s’engagent dans des plans de transformation RSE, changer leurs habitudes de gestion des données pourrait être un levier pour diminuer leur impact sur l’environnement.

Au travers d’une série dédiée à l’impact environnemental et social des données, Alcimed vous invite à explorer 3 axes de transformation dont l’adoption d’une gestion durable des données, l’optimisation du stockage des données et l’implémentation de nouvelles technologies. Dans ce troisième et dernier volet, Alcimed analyse les nouvelles technologies qui rendent aujourd’hui les serveurs cloud moins énergivores.

La data, une activité à fort impact environnemental

Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Une empreinte environnementale sous-estimée

Aujourd’hui, nombre d’entreprises concentrent leurs stratégies RSE autour d’actions telles que la limitation des transports aériens ou la réduction des déchets. Bien que clés, ces stratégies pourraient cependant devenir insuffisantes face à l’impact croissant d’autres activités, notamment face à l’impact de la gestion des données. Il est donc important de refaire le point sur les priorités de nos entreprises et sur les bonus ou malus que peuvent représenter chacune de nos actions.

Le numérique représente déjà aujourd’hui entre 2% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, l’aviation civile en représente 2% à 3% par exemple[1]. Le transfert et surtout le stockage des données, ainsi que la fabrication des composants électroniques nécessaires pour les machines, sont en effet des processus très énergivores : il a été estimé que la consommation énergétique totale des data centers en 2018 était de 205 TWh, soit 1% de la consommation énergétique mondiale[2].

En parallèle, une deuxième étude montre que la quantité de données numériques crées ou répliquées par an dans le monde pourrait être multipliée par près de 4,5 entre 2018 et 2025[3]. Si rien n’est fait, l’impact environnemental des données pourrait donc bien exploser dans les prochaines années – en France, on estime que le numérique sera responsable de 7% des émissions de gaz à effet de serre en 2040[4].

L’illusion d’une donnée dématérialisée

Malgré un impact sur l’environnement que l’on ne peut donc plus négliger, la data reste cependant « sous le radar » de nombreuses entreprises et son impact environnemental est largement sous-estimé.

Trois raisons peuvent l’expliquer :

  • L’illusion de l’immatérialité des données et leur faible coût financier, ce qui engendre une génération exagérée de données ;
  • Des pratiques de stockage trop énergivores et inadaptées aux usages ;
  • La récence des technologies de la big data et un manque d’acculturation.

Heureusement, il existe des solutions qui pourraient permettre de limiter l’impact environnemental de la data et de freiner, voire de renverser, cette tendance.


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Est-ce écologique de stocker sur un cloud ?

Stockage local, stockage à froid ou cloud : avantages et inconvénients

Le moyen de stockage le plus efficace en termes d’énergie et de sécurité reste l’enregistrement local sur son PC. Malheureusement, cela augmente le risque de perdre ses données et peut entraver la collaboration ou l’accès à distance.

Comme discuté dans le deuxième volet de cette série traitant de l’optimisation du stockage des données, la solution intermédiaire est de les stocker à froid : efficace énergétiquement, même sur un serveur local, et sécurisé car déconnecté.

Mais, lorsque l’on souhaite rendre un document accessible à plusieurs personnes en simultané, nous sommes obligés de passer par un serveur justement connecté et disponible en tout temps sur le réseau. Dans ce cas, en l’absence d’approvisionnement en énergie renouvelable et sans optimisation de la gestion des ressources au niveau des serveurs, l’enregistrement de données sur un serveur local a, en général, une empreinte environnementale plus importante que le cloud.

Une migration vers le cloud qui a déjà fait ses preuves

Selon un rapport de 2019, aux Etats-Unis, le transfert de logiciels locaux vers un cloud comme celui d’AWS permettrait de réduire l’empreinte carbone de ces infrastructures de 88 % en médiane et de 72 % au minimum[5]. Notons que des fournisseurs de solutions cloud, comme OVH, Google et Microsoft, sont encore plus avancés qu’AWS en termes d’adoption d’énergies renouvelables produites localement pour l’alimentation de leurs data centers ou dans la gestion de leur équipements électroniques, et pourraient donc permettre des réductions encore plus grandes.

Comment rendre le cloud encore plus écologique ?

Au-delà du renouvellement des appareils électroniques, l’impact du numérique est aussi directement lié à sa consommation d’électricité et au mix électrique qui permet d’alimenter les centres informatiques. C’est donc en agissant notamment sur ces deux aspects que l’on pourra réduire l’empreinte du numérique. Or, c’est précisément ce que la migration vers le cloud permet d’accomplir.

Les fournisseurs de service cloud agissent tous aujourd’hui pour minimiser la consommation d’électricité de leurs data centers (notamment dans le but d’optimiser leurs coûts d’opérations).

Ainsi, au-delà de l’installation de panneaux solaires, d’éoliennes et autres sources d’énergies renouvelables locales, ces entreprises optimisent l’impact de l’électricité alimentant leurs data centers par l’activation de plusieurs leviers comme :

  • Une alimentation variable des serveurs, de manière que ces derniers ne consomment que lorsque cela est nécessaire ;
  • Une optimisation du partage dynamique des espaces de stockage entre plusieurs utilisateurs ;
  • L’utilisation de matériel électronique de pointe, autant du point de vue hardware que software, permettant une optimisation de la consommation d’électricité des infrastructures ;
  • Le remplacement des appareils et machines électroniques (polluants par leur fabrication) à une fréquence plus responsable ;
  • L’installation de nouvelles sources d’énergie renouvelable locales (solaire, éolien) ou l’approvisionnement par des sources renouvelables proches (géothermie, hydraulique…) ;
  • Le recyclage de la chaleur produite par les serveurs (par exemple, pour chauffer les bâtiments) ;
  • L’utilisation de nouvelles technologies de refroidissement qui réduisent la consommation d’énergie (par exemple, le refroidissement à l’eau plutôt qu’à l’air).

En France, de nouvelles idées fleurissent, comme avec Denv-R, une start-up basée à Guérande qui installera prochainement un data center flottant sur la Loire à Nantes. Leur ambition est de relocaliser le stockage des données numériques mais aussi de minimiser l’impact environnemental de ce data center grâce au refroidissement naturel par l’écoulement de l’eau du fleuve.

Comment réaliser la migration vers le cloud ?

Le dernier axe de transformation considéré dans cette série est donc la migration (partielle) de vos données vers des serveurs cloud. Par exemple, ces services peuvent être utilisés pour stocker les données que vos collaborateurs se partagent, tels que des fichiers collaboratifs.

Cette migration ne doit pas nécessairement concerner l’intégralité de vos données. Cela peut, en effet, s’avérer impossible dans certaines industries pour des raisons de souveraineté ou de sécurité . Dans ces cas, une migration partielle de vos données est tout de même possible et sera dans tous les cas bénéfique.

Dans le cas d’informations sensibles (concernant vos clients, par exemple), le cloud peut toujours être considéré grâce à des acteurs comme OVH par exemple qui priorisent la sécurité et la souveraineté des données européennes. Mais, bien sûr, les serveurs locaux peuvent aussi être utilisés en synergie du cloud pour l’archivage de données très sensibles, ou lorsque la collaboration ou l’accès à distance n’est pas nécessaire (dans ce cas, on peut même privilégier l’usage des disques durs sur les PC ou de disques durs externes).

Si vous optez pour une solution cloud, il ne vous reste plus qu’à choisir votre fournisseur. Au même titre que les questions de sécurité et de souveraineté, vous serez aussi amenés à vous pencher sur des considérations concernant l’environnement : sur ce plan, plusieurs indicateurs révélateurs des engagements environnementaux des entreprises pourront vous aider (norme ISO 50001, ISO 14001, PUE, WUE, taux d’énergies renouvelables…).

Le numérique est bel et bien devenu un enjeu environnemental prioritaire dont le poids croît encore aujourd’hui de manière exponentielle, notamment à cause du stockage des données. La migration (même partielle) vers le cloud peut permettre de freiner, voire de renverser, cette tendance, notamment grâce aux nombreuses techniques d’optimisation énergétique mises en place par les fournisseurs de ces services. Alcimed peut vous accompagner dans cette transformation, du diagnostic à l’implémentation, en passant par toutes les étapes intermédiaires, telles que la communication associée à cette transformation ou l’identification des meilleurs partenaires. N’hésitez pas à contacter notre équipe !

[1] Deluzarche, C. (s. d.). Réchauffement climatique : le secteur du numérique génère plus de gaz à effet de serre que l’aviation. Futura.
[2] Freitag, C. et al. (2021, 1 septembre). The real climate and transformative impact of ICT : A critique of estimates, trends, and regulations. Patterns.
[3] Gaudiaut, T. (2021, 19 octobre). Le Big Bang du Big Data. Statista Infographies.
[4] Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable (2020). https://www.senat.fr/rap/r19-555/r19-5551.pdf
[5] Bizo, D. (2019, octobre). https://d39w7f4ix9f5s9.cloudfront.net/e3/79/42bf75c94c279c67d777f002051f/carbon-reduction-opportunity-of-moving-to-aws.pdf


A propos de l’auteur, 

Matthieu, Consultant au sein de l’équipe Data d’Alcimed aux États-Unis

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