Agroalimentaire

Comment développer une démarche RSE collaborative et penser de nouveaux modèles de collaboration en agroalimentaire ?

Publié le 22 janvier 2024 Lecture 25 min

Selon les derniers chiffres du GIEC, l’ensemble du système alimentaire représenterait près d’1/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si rien n’est fait, ces émissions pourraient atteindre 40% d’ici 2050 en raison de la croissance de la population et des changements alimentaires. Pour cette raison, il est important que l’industrie agroalimentaire tende vers une réduction de son impact environnemental et de sa dépendance aux ressources fossiles.

De toute évidence, le développement durable est un sujet d’importance croissante pour les acteurs aux différents maillons de la chaîne de valeur. Bien souvent, les industriels ont besoin d’aide pour faire face aux défis de la transition vers des modèles durables. Forts de ce constat, Alcimed met en perspective dans une saga d’articles les défis majeurs à relever par les industriels agroalimentaires, pour faire du développement durable une opportunité plutôt qu’une contrainte.

Dans le deuxième opus de cette saga, Alcimed analyse comment les entreprises peuvent miser sur les collaborations en interne et dans leur filière pour minimiser leur impact environnemental.

A l’échelle de l’entreprise : collaborer entre et au sein des équipes

Des équipes organisées en silo qui ne communiquent pas suffisamment

À l’échelle de l’entreprise, notamment dans de grands groupes industriels, il est encore courant de voir les équipes mener des projets en silo. Ce manque de coopération peut entraîner un manque d’efficacité dans la mise en place des stratégies RSE. Or, les enjeux d’engagement des entreprises sur leur impact environnemental jouent de plus en plus sur la fidélisation et le recrutement des collaborateurs, en particulier des jeunes profils sensibles à ces questions.

Dans les grandes entreprises en particulier, comme les groupes agroalimentaires industriels, les équipes travaillent trop souvent en silo et ne communiquent pas toujours suffisamment. Le manque de partage d’informations peut mener à des doublons d’initiatives, dispersant les forces au lieu de les réunir.

Développer davantage la collaboration entre les équipes innovations, RSE et opérationnelles

La collaboration entre les équipes lors de la définition des objectifs et des feuilles de route est primordiale pour s’assurer que les équipes sont alignées, à la fois sur la vision de l’entreprise, mais aussi sur la faisabilité des objectifs.

Ainsi, il est essentiel de renforcer les liens entre les responsables innovations, RSE et les équipes opérationnelles afin de créer une stratégie coordonnée à l’échelle du groupe. La bonne collaboration entre les acteurs de l’entreprise, en capitalisant sur l’intelligence collective, donne aux entreprises un avantage concurrentiel.

Des workshops au sein de groupes industriels agroalimentaires réunissant les différentes équipes, qu’elles soient stratégiques ou opérationnelles, peuvent aider les entreprises à s’aligner et à identifier des solutions.

Une gouvernance adaptée et des collaborations efficaces sont donc des prérequis pour l’efficacité de définition et de mise en place des stratégies RSE.


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Une gouvernance engagée pour l’investissement des collaborateurs

Par ailleurs, il devient de plus important pour les entreprises de renforcer leurs stratégies RSE pour fidéliser et attirer de nouveaux collaborateurs.

Les jeunes collaborateurs, jeunes diplômés et candidats sont de plus en plus attentifs aux politiques RSE des entreprises : Près de 80% des jeunes diplômés regardent la politique RSE dans le choix d’un nouvel emploi.

Dans des entreprises divisées en business unit, et en équipes, la politique RSE permet de rassembler les équipes à travers un objectif commun. La mise en place d’une politique RSE est aussi l’opportunité pour une entreprise de tester une gouvernance différente. En effet, cela permet de donner des responsabilités à l’ensemble des niveaux hiérarchiques, même si l’implication du top management reste indispensable, jouant un rôle de sponsor de ces initiatives.

À l’échelle de la filière : collaborer avec l’ensemble de la chaîne de valeur

Les enjeux de développement durable pour les entreprises dépassent les frontières de leur structure et s’inscrivent dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Les émissions de GES de scope 3 incluant les approvisionnements, les transports, les usages de produits finis et les déchets, de plus en plus d’acteurs doivent s’entendre pour adopter une démarche commune. Les industriels de l’agroalimentaire mettent en place des stratégies RSE pour limiter l’impact de leur propre activité, mais pas seulement. Les industriels s’associent avec des acteurs en amont et aval pour limiter et contrôler les émissions de GES sur toute leur chaîne de valeur.

Par exemple, les industries laitières et fromagères mettent en place des stratégies communes avec les éleveurs laitiers pour réduire les émissions des élevages bovins. C’est également le cas de McCain et son engagement dans l’agriculture régénératrice. Avec 8 exploitations pilotes en France, McCain accompagne les agriculteurs techniquement et financièrement dans la mise en place de non-labour, de couverts végétaux et de réduction des apports. Au-delà de ces exemples, de nombreux acteurs s’engagent via des initiatives se trouvant surtout en amont, pour la limitation des émissions des producteurs de matières premières.

Il reste cependant à intégrer les acteurs les plus en amont de la chaîne de valeur., comme les industriels de la protection des plantes ou encore les acteurs les plus en aval comme les acteurs de la gestion des déchets.

Des défis à relever pour développer des démarches RSE collaboratives pérennes

Plusieurs défis s’imposent dans la collaboration de différentes structures : réunir les acteurs, piloter une action coordonnée, trouver des accords qui profitent à tous. En effet, les acteurs peuvent avoir des priorisations variées en fonction de leur stade de maturité et des intérêts divergents voir concurrents.

Trouver les bons modèles de partage des coûts et de la valeur créée

Un des principaux enjeux réside dans le partage des coûts et de la valeur créée. La mise en place de nouvelles actions, de nouvelles technologies, de restructuration pour contrôler le bilan carbone de la filière peut engendrer des coûts supplémentaires. La question du partage des coûts peut fortement limiter la mise en place des mesures nécessaires. En effet, le partage des coûts peut d’autant plus être une question lorsque la collaboration implique des structures de tailles et d’avancements différents. De même, si de la valeur est créée suite à des actions mises en place par les partenaires, la question du partage de la valeur est aussi un challenge. il reste encore à trouver les modèles assurant que chaque acteur de la collaboration puisse tirer parti de cette valeur créée, et que chaque acteur puisse rentabiliser financièrement son investissement et ses engagements.

Coordonner et encadrer les partenariats

La coordination est également un défi pour ces partenariats. La participation d’un organisme tiers peut encadrer et assurer les concertations. C’est le cas en France d’organismes comme France AgriMer, NumAlim ou encore de l’ANIA et des interprofessions agricoles. Par exemple, en 2020, grâce à la représentation par Syndifrais (organisation interprofessionnelle), le « Consortium PS25 » a vu le jour. Dédié à la réflexion et au financement d’une filière de recyclage du polystyrène en France, il réunit des industriels de l’agroalimentaire (Lactalis, Yoplait, Bigard…) et des acteurs du recyclage (Citeo, Valorplast…).

Finalement, les collaborations sont primordiales pour mener à bien les engagements de réduction des GES. Au sein des entreprises, la collaboration et la communication entre les équipes font avancer l’entreprise et lui permettent de définir des stratégies efficaces, réalisables et qui incluent les différents acteurs de l’entreprise. Mais les sociétés ne peuvent pas travailler seules pour réduire leur impact puisque le calcul des émissions inclut le scope 3 et les autres acteurs de la filière en amont et en aval de leur activité. C’est l’ensemble des filières qui doivent alors relever les défis liés à cette collaboration car ensemble, il est possible d’innover pour trouver des leviers d’action pour réduire l’impact environnemental de toute la filière. Alcimed peut vous accompagner sur ces sujets. N’hésitez pas à contacter notre équipe !


A propos des auteurs,

Mathieu, Responsable de mission dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France

Sami, Consultant Senior dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France

Ludivine, Consultante dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France

Antoine, Consultant dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France

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