Se concentrer sur la prévention, une nouvelle stratégie française
Selon l’OMS, la prévention en santé est « l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps. » Parent pauvre des politiques de santé jusqu’alors, elle est désormais projetée au-devant de la scène et devient un enjeu incontournable des acteurs de la santé (hygiène de vie, dépistages, bonnes pratiques en santé mentale…). Mener des actions de prévention se fait à tous les niveaux : elle concerne l’ensemble des environnements de vie, adresse tous les déterminants de santé et s’ancre dans une approche intersectorielle et interprofessionnelle. Au-delà de son intérêt dans l’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé de la population, elle pourrait aussi permettre, à terme, de réaliser des économies conséquentes.
Depuis quelques années, le gouvernement français porte en avant cette volonté de se tourner vers la prévention. Il a notamment lancé en 2018 le plan Priorité prévention, investissant plus de 400 millions d’euros pour 5 ans. Ce plan a permis d’identifier 25 mesures pour promouvoir et préserver la santé de la population. Il a eu de nombreuses retombées positives, on peut en citer deux plus particulièrement ici : en 2 ans, la couverture de la vaccination hexavalente des enfants de 7 mois est passée de 93,1% à 98,6%, et le nombre de fumeurs quotidiens a diminué de 1,6 millions. Par ailleurs, fin 2021, dans le cadre du plan d’investissement massif France 2030, dédié à la transformation durable des secteurs clés de l’économie, le gouvernement a décidé de consacrer 170 millions d’euros à la prévention à travers une stratégie d’accélération qui lui est dédiée : « Innovation en prévention. » Pour Philippe Guilbert, à la Direction générale de la santé, « c’est une première en France que d’investir dans ce champ-là. » L’objectif de cette stratégie est de soutenir l’intégralité du cycle de l’innovation technologique, de la recherche fondamentale à l’industrialisation, dans le secteur de la prévention en santé.
Challenge prévention BPI : les conditions à réunir pour y répondre
Dans le cadre de la stratégie d’accélération « Innovation en prévention », des fonds sont alloués par Bpifrance à différents acteurs innovants qui seront choisis à la suite de l’appel à projets lancé en juillet 2024 par le fond : « Challenge prévention : démontrer la valeur des innovations en vie réelle ». L’objectif de cet appel à projets est de soutenir le développement à plus grande échelle de dispositifs innovants en prévention, dont l’efficacité est déjà démontrée. Les fonds peuvent par exemple servir à financer la phase de montée en charge sur un ou plusieurs territoires visant à vérifier en vie réelle la démonstration de valeur du projet.
Ce challenge prévention de la BPI court jusqu’en 2028 et a 4 relèves intermédiaires de candidature. La fourchette de financement de chaque projet sélectionné est de 5 à 10 millions d’euros, pour des projets durant entre 1 et 4 ans.
Pour répondre au challenge, les projets doivent intervenir dans le champ de la prévention – primaire, secondaire ou tertiaire – sans répartition particulière des fonds entre les trois champs. Ils doivent mettre en œuvre des dispositifs innovants et intégrer au moins un produit ou une technologie de santé. Ils doivent être portés par une PME, un ETI ou bien s’appuyer sur un consortium interdisciplinaire mêlant des acteurs publics et privés. De plus, ils ne peuvent être éligibles que s’ils portent sur des travaux réalisés en France, non-engagés avant le dépôt de la demande d’aide et composés uniquement de partenaires éligibles à recevoir des aides publiques. Enfin, ils doivent se positionner comme répondant à l’un de ces enjeux : réduire la prévalence de pathologies ou prédire leur incidence dans la population, optimiser ou personnaliser les prises en charge thérapeutiques, prévenir des complications, améliorer l’adhésion et l’observance aux traitements et dépistages…
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Les facteurs clés de succès du challenge prévention BPI
Depuis juillet, Alcimed a accompagné plusieurs acteurs souhaitant répondre à l’appel à projets de la BPI. Nos équipes ont identifié plusieurs bonnes pratiques pour mettre toutes les chances de son côté !
Tout d’abord, il faut avoir en tête que le challenge met plus particulièrement à l’honneur les acteurs travaillant sur les thématiques suivantes : la lutte contre l’infertilité, la santé de l’enfant, la santé mentale, la prévention de la perte d’autonomie, les maladies chroniques (cancer, diabètes…), la vaccination et la prévention des maladies infectieuses, les maladies rares et la promotion de comportements favorables à la santé.
De plus, pour répondre à ce challenge, il faut être en mesure d’établir une vision à long terme claire, d’expliciter les objectifs et les résultats attendus sur le développement de la technologie innovante ainsi que les KPIs de suivi de la réalisation des objectifs. Cela demande de formaliser ses projections, sans négliger d’y préciser les retombées économiques du projet.
Enfin, cet appel à projet s’inscrivant dans une démarche interdisciplinaire, il ne faut pas minimiser l’importance de constituer un consortium d’acteurs pertinents et complémentaires qui soient issus des champs de la santé, de la recherche et de l’industrie, du privé et du public. Il faut également veiller à bien préciser les relations entre les acteurs : prestations, propriétés industrielles, personnels communs…
Cet appel à projets représente une réelle opportunité pour les acteurs d’accéder à des financements conséquents et d’être reconnus pour leur innovation. Notre équipe suit de près ces avancées et peut vous accompagner dans votre montage de dossier. N’hésitez pas à nous contacter !
À propos de l’auteur,
Marie, Consultante au sein de l’équipe Innovation et Politiques Publiques d’Alcimed en France.